dimanche 31 mars 2019

Les jardins de la Reine Cuba


C'est un long archipel qui s »étend du S/E vers le NW sur environ 80 milles. Il y a beaucoup d'îles et îlots, mais beaucoup sont inaccessibles par manque d'eau. A Santiago, nous avons eu la chance de rencontrer Corentin qui venait d'y passer avec son bateu le Sawat Di et qui nous a donné de précieuses indications. Nous allons donc suivre ses conseils et passer par l'extérieur,en s'arrêtant aux endroits qu'il nous a conseillé.


 
Nous nous élançons , pour une trotte de 60 M . Les conditions sont idéales, vent de travers 15/17 kt nous filons sur une eau plate à 6,5/7 kt. Nous atteignons plus vite que prévu l'île de Caguama,et heureusement car l'approche est un peu délicate.....a ½ M de la côte il n'y a déjà plus que 2m d'eau.
Moteur au ralenti , flo dans l'étrave ,nous avançons très lentement vers le refuge des gardiens. Le sondeur est à 1,5m, il ne doit plus y avoir beaucoup d'eau sous la quille. Je m'équipe pour aller voir, effectivement il ne reste pas grand chose !!! et le fond est caillasseux, l'ancre tenue juste par la pointe, ce n'est pas top !!
Quelques minutes plus tard , une barque vient vers nous, je m'attends à la visite des gardes- côte..... venant nous chercher des noises. Il s'agit en réalité des gardiens du parc qui viennent nous souhaiter la bienvenue et qui nous invitent à boire de l'eau de coco. Une rapide discussion technique sur les fonds me permet de savoir que nous sommes à la limite du riff et qu'en avançant un peu plus nous allons retrouver un poil plus d'eau , mais surtout qu'il y a des herbiers avec des tâches de sable.
Après avoir mis un peu d'ordre, nous mettons l'annexe à l'eau et nous posons pied à terre.

Nous découvrons le lieu où vivent les gardiens, simple et bien entretenu, de quoi passer des journées paisibles




En plus d'un chien , de nombreuses iguanes viennent tenir compagnie aux gardiens , elles ne sont pas farouches, mais elles ne se laissent pas attraper. Le bruit des gamelles les fait accourir , elles ne sont pas si bêtes que ça !! elles se précipitent pour manger les restes de nourriture des gardiens.







Nous faisons plus ample connaissance avec les gardiens qui apprécient que je parle Espagnol , car ils ne parlent pas de langues étrangères ce qui ne favorise pas les échanges. Après avoir bu l'eau de coco , nous leur laissons quelques bières fraiches qui font briller leurs yeux. Je leur explique que nous allons revenir au bateau pour le déplacer et nous rapprocher du bord tant qu'il fait encore un peu clair , mais que nous repasserons le lendemain matin. Si ,si vienen a beber un café..... Rendez vous est pris.
Nous remontons l'ancre et effectivement en s'approchant nous passons sur des herbiers avec 1,9m d'eau . Nous visons une tache de sable, impec en plein milieu. Au moins nous passerons une nuit tranquille sans entendre la chaîne se frotter sur les caillasses.
Le lendemain matin nous décalons un peu le rendez vous « café » Un vilain vent de SE s'est levé et monte à 20kt. Nous ne sommes plus du tout à l'abri le bateau commence à faire des bonds et vu le peu d'eau je suis un peu inquiet. Les prévisions météo ne prévoyaient pas de vent dans cette direction, et c'était juste car 1h et demie plus tard le vent revient de NE beaucoup plus léger.
Nous partons donc à terre rassurés, nous étions attendus le café est prêt. Cette fois nous avons apporté une bouteille de vin ,ils sont ravis. Nous discutons beaucoup, ils nous racontent leur vie sur l'île , le doyen y est depuis 12 ans. Ils ont une vie saine, mais sont séparés de leurs familles 15 jours par mois pour un salaire équivalent à 20€ !!
En dépit de leur pauvreté, leur gentillesse est immense, ils nous invitent à partager leur repas. Nous ne pouvons pas refuser, mais avant de passer à table nous allons marcher un peu sur la plage déserte.







Cayo Caguama




De retour à la base, nous sommes invités à passer à table. Au menu riz ,courge et chiquetaille de langouste. Nous sommes gâtés !!







En fin de repas nous n'avons plus qu'une chose à faire, les inviter en soirée pour l'apéro.
Dans l'immédiat nous nous équipons pour aller plonger sur les cailles. Avec l'annexe nous partons à un mille au large avant de trouver des fonds de 5/6m avec de magnifiques coraux et des tas de poissons de toutes les couleurs.
Nous avons juste le temps de nous doucher , que l'équipe des gardiens arrivent. Ils ne viennent pas les mains vides . Ils nous ont apporté des cocos pour l'eau et 3 magnifiques Pargues. Nous attaquons de bonne heure l'apéro, ici ils carburent au rhum et la bouteille prend une belle claque. Ils apprécient particulièrement le Bologne. Nous parlons pêche, des différentes techniques, des poissons. Je comprends assez rapidement que nos amis ont peu de matériel à disposition, et pour les remercier de leur générosité,nous leur préparons un petit assortiment de fil ,plomb et hameçons,fil acier d'inox …. pour résister aux dents acérées des barracudas (ici il n'y a pas de ciguatéra et ils sont consommés) . Les rapalas et poulpitos ne trouvent pas preneur,évidemment ils n'ont qu'une barque avec des rames. Nous leur sortons également des fonds de cale une bouteille de Bologne qu'ils dégusteront à notre santé.
Au crépuscule , nous nous quittons un peu émus, en quelques heures nous avons pu nous comprendre et nous apprécier tout en étant de deux mondes totalement différents.


Le matin suivant nous levons l'ancre de bonne heure pour aller jusqu' au Cayo Caballones , pour nous rendre à un mouillage indiqué par notre ami Corentin. Arrivés sur place nous ne trouvons pas ce qu'il nous a décrit, nous avons beau tourner un moment ça ne colle pas ,
nous pensons qu'il y a du y avoir erreur sur la position du mouillage. Nous repartons du coup vers le canal Caballones où nous avions vu des bateaux au mouillage en passant devant.
Nous trouvons un mouillage correct sur des herbiers avec 2,5m d'eau. Je vais vérifier l'ancre , je m'éloigne un peu du bateau pour voir ce qu'il y a autour , et je tombe sur de belles patates de corail.Je repère rapidement quelques belles langoustes qui viendront finir dans nos assiettes pour faire l'apport en protéines de notre repas....






Nous passerons la journée tranquillement ,en partageant notre temps entre l'exploration des fonds sous marins et balade à terre. Pour la journée suivante, les prévisions météo ne sont pas bonnes pour la nuit, vent de secteur N 25 kt en plein dans l'axe du chenal ….. Nous allons donc voir derrière la pointe de l'île où il y a des bouées si l'abri peut être meilleur.
Nous allons nous mettre sur une bouée de bonne taille, le cordage également , mais en plongeant je me rends compte que le cordage est pris sur un anneau soudé sur une tige d'acier de 8 ou 10 mm !!! et comme le veut le dicton : nul n'est plus fort que son point le plus faible , j'estime que passer la nuit sur la bouée présente plus de risques que de revenir au mouillage , car en cas de casse le bateau ira sur les cailles qui sont sous le vent a peu de distance.
Après avoir plongé sur ces fonds magnifiques , où nous avons vu toutes sortes de poissons
coralliens , des barracudas, des raies, un petit requin , et sauvé des quantités de lambis tombés dans des trous ,nous sommes retournés au mouillage. Prévoyant l'arrivée du vent, nous avons mis 40 m de chaîne sur 2m d'eau ,vérifié que l'ancre soit bien plantée. En cas de dérapage nous avons 300m avant d'aller au sec de quoi voir venir. Cette fois la météo est juste et le vent de N rentre en début de nuit et s'établit à 25 kt avec des rafales à 30. La situation devient inconfortable mais pas critique, des vagues déferlent sur la coque, nous nous reposons mais sans dormir. Vers 1h du matin le seul voilier au mouillage avec nous dérape en venant dans notre direction. Argh !! On allume le moteur en sécurité. Heureusement l'équipage ne devait pas dormir non plus, et après un petit moment de cafouillage, l'ancre est remontée et le bateau s'écarte et s'en va vers le large...... Ouf !
Du coup la nuit va se finir en faisant des quarts de mouillage, ça faisait bien longtemps que ça ne nous était plus arrivé . Dès que le jour a montré le bout de son nez à notre tour nous avons relevé l'ancre et nous sommes partis vers notre escale suivante.
Sous le vent des îlots l'eau était plate, et nous avons filé à presque 7 kt jusqu' à Cayo Alcatracito.
Nous contournons prudemment la barrière de récifs avant de remonter vers le rivage. Il n'y a pas beaucoup d'eau !!! nous approchons très lentement et lorsque notre sondeur affiche 1,4m nous laissons tomber l'ancre. Il reste sous la quille environ 25 cm, c'est vraiment peu , mais ici la marée est quasi inexistante et théoriquement c'est marée basse.
Le mouillage est parfait, le coin sympa, il n'y a qu'un seul petit voilier au mouillage avec un couple de jeunes américains que nous avions déjà croisé l'an dernier en Martinique.
Cayo Alcatracito

En fin d'après midi nous faisons une expédition sur le reef, et à nouveau nous trouvons des fonds magnifiques avec une quantité impressionnante de poissons. Nous passons une nuit vraiment calme pour nous remettre de la précédente.
La journée suivante, nous partons à la découverte de l'île, mais nous sommes rapidement bloqués par la végétation inextricable de la mangrove et nous devons rapidement rebrousser chemin. Nous avons quand même pu observer quelques oiseaux, et des Iguanes qui pullulent dans le secteur.
110458








mangrove Cayo Alcatracito









En cours de journée un GRIB reçu grâce à la BLU me confirme les prévisions météo, c'est à dire qu'à partir du lendemain c'est pétole, et comme nous avons environ 90 milles pour aller à Cienfuegos, je le sens mal de tout faire au moteur. La seule issue est de partir en soiré pour profiter d'un vent de NE 15/20 kt ou d'attendre plusieurs jours ici. Comme nous devons retrouver des amis nous prenons la première option.
A 19h nous levons l'ancre pour sortir avec la fin du jour et en avant. Au début le pied , petit largue 15 kt , puis ça monte on prend un ris et ça continue on roule du génois ,puis on prend le 2ème ris et on continue de réduire à l'avant. Le vent va grimper à 28 kt, rafales 32. On se prend des paquets d'eau sur la figure, les cirés finissent par laisser passer l'eau on est trempé. Deux hublots fuient ,dont celui de la table à carte, l'ordi est baptisé..... et enfin sous le choc des vagues le vaigrage à l'avant se décroche ! On fait le gros dos toute la nuit , et à 8 milles de l'arrivée le vent tombe d'un coup nous obligeant à mettre Teuf Teuf en marche pour terminer jusqu'à Cienfuegos. On est content d'arriver dans cet immense mouillage.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire