vendredi 22 décembre 2017

La Transat

A Mindelo le mot Transat était sans doute le mot le plus prononcé sur les pontons. Mot mythique et hautement symbolique pour un marin , et oui ! tout le monde était au pied du mur, maintenant il était difficile de faire demi tour, il fallait y aller. On voyait un peu d'appréhension chez certains équipages, d'autres y allaient franco tout le monde se préparait a vivre une aventure. C'est une dizaine de bateaux qui ont quitté le Cap Vert en direction des Antilles ce dimanche 3 décembre avec un vent soutenu pour 3 jours mais devenant ensuite faible pour plusieurs avant de reprendre de la vigueur.

A bord personne n'avait prononcé le mot "lap..." (le  cousin du lièvre), ce n'était pas un vendredi donc nous pouvions nous aussi nous élancer . Nous avons relevé notre mouillage , notre ancre avait bien du mal à monter , et pour cause elle était entourée d'un pneu de camion. Paul est allé à l'avant et à l'aide de la gaffe nous a libéré de cet encombrant ustensile. Vu le vent fort et que nous allions nous retrouver plein vent arrière nous avons juste envoyé le génois un peu réduit et c'est parti pour un peu plus de 2100 milles.



Les  3 premiers jours conformément aux prévisions le vent était bien établi , le deuxième jour nous avons frôlé notre record avec 151 milles et conformément aux prévisions à partir du 4ème jour le vent a vraiment faibli et même avec notre spi qui est resté 3 jours à poste nous avons eu du mal à faire nos 100 milles /24h.





L'avantage du petit temps c'est qu'en général la mer est moins agitée et la vie en journée est plus facile et la nuit on arrive a bien dormir. Donc on allait pas trop se plaindre

Après ces trois jours de petit zéphir le vent est revenu, nous avons remisé le spi dans son sac ,et nous avons remis une voilure plus classique dans ce genre de traversée, la grand voile au premier ris et le génois tangonné à l'avant, et vogue la galère.




Progressivement le vent à continué à se renforcer, nous avons alors mis la voilure des oiseaux du grand large : les trinquettes jumelles. En vitesse nous n'avons pas trop perdu et nous avons pu faire du plein vent arrière sans risque d'empannage, un des plus grands risques d'accident à bord d'un voilier. Marcel et Jacky respectivement le pilote hydraulique et le régulateur d'allure ,en ont aussi été très satisfait, le bateau étant tiré par l'avant il est beaucoup plus stable sur sa route et le travail sur la barre est moindre. Enfin autre avantage pour la nuit,en cas de survente, il suffit de rouler le génois,et de garder que la trinquette 17 m2 .... il y a de quoi voir venir !

 

Au fil des jours les milles se sont accumulés et nous sommes arrivés au milieu de la traversée. Nous avons sorti une bouteille de champagne que nous avions réservé pour ce moment là et nous l'avons bue à la notre et à celle de l'océan pour qu'il ne nous donne pas trop de fil à retordre pour la suite.


La seconde moitié de la traversée a été un peu plus fatigante. Le vent bien établi a creusé la mer et on s'est retrouvé balloté nuit et jour. Les déplacements à bord du bateau sont devenus difficiles, le dicton dit:  une main pour toi une main pour le bateau. Pour nous c'était devenu les deux mains pour toi et on verra plus tard pour le bateau.... A l'intérieur, il faut absolument tout caler sinon ça valse sur le plancher, ou les objets s'entrechoquent en faisant du bruit ce qui devient rapidement insupportable. Enfin le plus difficile c'est d'arriver à trouver le sommeil dans un environnement bruyant et en mouvement perpétuel.
Pour nous fatiguer un peu plus, le ciel a décidé de nous envoyer des grains..... Lors de notre précédente traversée nous en avions eu quelques uns, mais cette fois ils se sont succèdés régulièrement. Le grain est un vilain nuage noir qui arrive sournoisement par l'arrière qui rattrape le bateau et qui vient déverser des torrents d'eau. Pour mettre un peu plus de piquant le vent se renforce et peut dépasser les 30 kt ce qui oblige à réduire en vitesse la voilure. Le jour c'est ennuyeux, mais on a le temps de les voir venir et d'anticiper. La nuit c'est carrément emmerdant car on se fait ramasser sans rien avoir vu venir. Les équipiers sont réveillés dare dare pour venir prendre les ris, et après la bataille rejoignent leur couchette trempés, un vrai plaisir.
Ce scénario s'est répétè jusqu'à notre arrivée, et c'est avec satisfaction que nous avons jeté l'ancre dans le lagon à l'entrée de St François

Le bilan
18 jours et 3h pour effectuer 2157 milles

18h moteur pour recharger les batteries. Eh oui ! pendant les jours de vent faible, l'éolienne était en chômage, idem pour l'alternateur d'arbre qui produit à partir de 4 kt, et avec le ciel nuageux et les jours courts les panneaux solaires ne donnaient pas grand chose .

Santé: Rien de particulier, juste quelques bleus suite à des chocs dans les coups de roulis.

Casse : Néant. Tout à bien fonctionné, il n'y a que les batteries qui montrent des signes de fatigue , et le safran qui a repris du jeu par la bague du haut .
Trace transat Sapèto'Q







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