C'est un long archipel
qui s Ȏtend du S/E vers le NW sur environ 80 milles. Il y a
beaucoup d'îles et îlots, mais beaucoup sont inaccessibles par
manque d'eau. A Santiago, nous avons eu la chance de rencontrer
Corentin qui venait d'y passer avec son bateu le Sawat Di et qui
nous a donné de précieuses indications. Nous allons donc suivre ses
conseils et passer par l'extérieur,en s'arrêtant aux endroits qu'il
nous a conseillé.
Nous nous élançons ,
pour une trotte de 60 M . Les conditions sont idéales, vent de
travers 15/17 kt nous filons sur une eau plate à 6,5/7 kt. Nous
atteignons plus vite que prévu l'île de Caguama,et heureusement car
l'approche est un peu délicate.....a ½ M de la côte il n'y a déjà
plus que 2m d'eau.
Moteur au ralenti , flo
dans l'étrave ,nous avançons très lentement vers le refuge des
gardiens. Le sondeur est à 1,5m, il ne doit plus y avoir beaucoup
d'eau sous la quille. Je m'équipe pour aller voir, effectivement il
ne reste pas grand chose !!! et le fond est caillasseux, l'ancre
tenue juste par la pointe, ce n'est pas top !!
Quelques minutes plus
tard , une barque vient vers nous, je m'attends à la visite des
gardes- côte..... venant nous chercher des noises. Il s'agit en
réalité des gardiens du parc qui viennent nous souhaiter la
bienvenue et qui nous invitent à boire de l'eau de coco. Une rapide
discussion technique sur les fonds me permet de savoir que nous
sommes à la limite du riff et qu'en avançant un peu plus nous
allons retrouver un poil plus d'eau , mais surtout qu'il y a des
herbiers avec des tâches de sable.
Après avoir mis un peu
d'ordre, nous mettons l'annexe à l'eau et nous posons pied à terre.
Nous découvrons le lieu
où vivent les gardiens, simple et bien entretenu, de quoi passer
des journées paisibles
En plus d'un chien , de
nombreuses iguanes viennent tenir compagnie aux gardiens , elles ne
sont pas farouches, mais elles ne se laissent pas attraper. Le bruit
des gamelles les fait accourir , elles ne sont pas si bêtes que
ça !! elles se précipitent pour manger les restes de
nourriture des gardiens.
Nous faisons plus ample
connaissance avec les gardiens qui apprécient que je parle Espagnol
, car ils ne parlent pas de langues étrangères ce qui ne favorise
pas les échanges. Après avoir bu l'eau de coco , nous leur laissons
quelques bières fraiches qui font briller leurs yeux. Je leur
explique que nous allons revenir au bateau pour le déplacer et nous
rapprocher du bord tant qu'il fait encore un peu clair , mais que
nous repasserons le lendemain matin. Si ,si vienen a beber un
café..... Rendez vous est pris.
Nous remontons l'ancre et
effectivement en s'approchant nous passons sur des herbiers avec 1,9m
d'eau . Nous visons une tache de sable, impec en plein milieu. Au
moins nous passerons une nuit tranquille sans entendre la chaîne se
frotter sur les caillasses.
Le lendemain matin nous
décalons un peu le rendez vous « café » Un vilain vent
de SE s'est levé et monte à 20kt. Nous ne sommes plus du tout à
l'abri le bateau commence à faire des bonds et vu le peu d'eau je
suis un peu inquiet. Les prévisions météo ne prévoyaient pas de
vent dans cette direction, et c'était juste car 1h et demie plus
tard le vent revient de NE beaucoup plus léger.
Nous partons donc à
terre rassurés, nous étions attendus le café est prêt. Cette fois
nous avons apporté une bouteille de vin ,ils sont ravis. Nous
discutons beaucoup, ils nous racontent leur vie sur l'île , le doyen
y est depuis 12 ans. Ils ont une vie saine, mais sont séparés de
leurs familles 15 jours par mois pour un salaire équivalent à
20€ !!
En dépit de leur
pauvreté, leur gentillesse est immense, ils nous invitent à
partager leur repas. Nous ne pouvons pas refuser, mais avant de
passer à table nous allons marcher un peu sur la plage déserte.
Cayo Caguama |
De retour à la base,
nous sommes invités à passer à table. Au menu riz ,courge et
chiquetaille de langouste. Nous sommes gâtés !!
En fin de repas nous
n'avons plus qu'une chose à faire, les inviter en soirée pour
l'apéro.
Dans l'immédiat nous
nous équipons pour aller plonger sur les cailles. Avec l'annexe nous
partons à un mille au large avant de trouver des fonds de 5/6m avec
de magnifiques coraux et des tas de poissons de toutes les couleurs.
Nous avons juste le temps
de nous doucher , que l'équipe des gardiens arrivent. Ils ne
viennent pas les mains vides . Ils nous ont apporté des cocos pour
l'eau et 3 magnifiques Pargues. Nous attaquons de bonne heure
l'apéro, ici ils carburent au rhum et la bouteille prend une belle
claque. Ils apprécient particulièrement le Bologne. Nous parlons
pêche, des différentes techniques, des poissons. Je comprends
assez rapidement que nos amis ont peu de matériel à disposition, et
pour les remercier de leur générosité,nous leur préparons un
petit assortiment de fil ,plomb et hameçons,fil acier d'inox ….
pour résister aux dents acérées des barracudas (ici il n'y a pas
de ciguatéra et ils sont consommés) . Les rapalas et poulpitos ne
trouvent pas preneur,évidemment ils n'ont qu'une barque avec des
rames. Nous leur sortons également des fonds de cale une bouteille
de Bologne qu'ils dégusteront à notre santé.
Au crépuscule , nous
nous quittons un peu émus, en quelques heures nous avons pu nous
comprendre et nous apprécier tout en étant de deux mondes totalement différents.
Le matin suivant nous
levons l'ancre de bonne heure pour aller jusqu' au Cayo Caballones ,
pour nous rendre à un mouillage indiqué par notre ami Corentin.
Arrivés sur place nous ne trouvons pas ce qu'il nous a décrit, nous
avons beau tourner un moment ça ne colle pas ,
nous pensons qu'il
y a du y avoir erreur sur la position du mouillage. Nous repartons du
coup vers le canal Caballones où nous avions vu des bateaux au
mouillage en passant devant.
Nous trouvons un
mouillage correct sur des herbiers avec 2,5m d'eau. Je vais vérifier
l'ancre , je m'éloigne un peu du bateau pour voir ce qu'il y a
autour , et je tombe sur de belles patates de corail.Je repère
rapidement quelques belles langoustes qui viendront finir dans nos
assiettes pour faire l'apport en protéines de notre repas....
Nous passerons la journée
tranquillement ,en partageant notre temps entre l'exploration des
fonds sous marins et balade à terre. Pour la journée suivante, les
prévisions météo ne sont pas bonnes pour la nuit, vent de secteur
N 25 kt en plein dans l'axe du chenal ….. Nous allons donc voir
derrière la pointe de l'île où il y a des bouées si l'abri peut
être meilleur.
Nous allons nous mettre
sur une bouée de bonne taille, le cordage également , mais en
plongeant je me rends compte que le cordage est pris sur un anneau
soudé sur une tige d'acier de 8 ou 10 mm !!! et comme le veut
le dicton : nul n'est plus fort que son point le plus faible ,
j'estime que passer la nuit sur la bouée présente plus de risques
que de revenir au mouillage , car en cas de casse le bateau ira sur
les cailles qui sont sous le vent a peu de distance.
Après avoir plongé sur
ces fonds magnifiques , où nous avons vu toutes sortes de poissons
coralliens , des
barracudas, des raies, un petit requin , et sauvé des quantités de
lambis tombés dans des trous ,nous sommes retournés au mouillage.
Prévoyant l'arrivée du vent, nous avons mis 40 m de chaîne sur 2m
d'eau ,vérifié que l'ancre soit bien plantée. En cas de dérapage
nous avons 300m avant d'aller au sec de quoi voir venir. Cette fois
la météo est juste et le vent de N rentre en début de nuit et
s'établit à 25 kt avec des rafales à 30. La situation devient
inconfortable mais pas critique, des vagues déferlent sur la coque,
nous nous reposons mais sans dormir. Vers 1h du matin le seul voilier
au mouillage avec nous dérape en venant dans notre direction.
Argh !! On allume le moteur en sécurité. Heureusement
l'équipage ne devait pas dormir non plus, et après un petit moment
de cafouillage, l'ancre est remontée et le bateau s'écarte et s'en
va vers le large...... Ouf !
Du coup la nuit va se
finir en faisant des quarts de mouillage, ça faisait bien longtemps
que ça ne nous était plus arrivé . Dès que le jour a montré le
bout de son nez à notre tour nous avons relevé l'ancre et nous
sommes partis vers notre escale suivante.
Sous le vent des îlots
l'eau était plate, et nous avons filé à presque 7 kt jusqu' à
Cayo Alcatracito.
Nous contournons
prudemment la barrière de récifs avant de remonter vers le rivage.
Il n'y a pas beaucoup d'eau !!! nous approchons très lentement
et lorsque notre sondeur affiche 1,4m nous laissons tomber l'ancre.
Il reste sous la quille environ 25 cm, c'est vraiment peu , mais ici
la marée est quasi inexistante et théoriquement c'est marée basse.
Le mouillage est parfait,
le coin sympa, il n'y a qu'un seul petit voilier au mouillage avec un
couple de jeunes américains que nous avions déjà croisé l'an
dernier en Martinique.
Cayo Alcatracito |
En fin d'après midi nous
faisons une expédition sur le reef, et à nouveau nous trouvons des
fonds magnifiques avec une quantité impressionnante de poissons.
Nous passons une nuit vraiment calme pour nous remettre de la
précédente.
La journée suivante,
nous partons à la découverte de l'île, mais nous sommes rapidement
bloqués par la végétation inextricable de la mangrove et nous
devons rapidement rebrousser chemin. Nous avons quand même pu
observer quelques oiseaux, et des Iguanes qui pullulent dans le
secteur.
110458
mangrove Cayo Alcatracito |
En cours de journée un
GRIB reçu grâce à la BLU me confirme les prévisions météo,
c'est à dire qu'à partir du lendemain c'est pétole, et comme nous
avons environ 90 milles pour aller à Cienfuegos, je le sens mal de
tout faire au moteur. La seule issue est de partir en soiré pour
profiter d'un vent de NE 15/20 kt ou d'attendre plusieurs jours ici.
Comme nous devons retrouver des amis nous prenons la première
option.
A 19h nous levons l'ancre
pour sortir avec la fin du jour et en avant. Au début le pied ,
petit largue 15 kt , puis ça monte on prend un ris et ça continue
on roule du génois ,puis on prend le 2ème ris et on continue de
réduire à l'avant. Le vent va grimper à 28 kt, rafales 32. On se
prend des paquets d'eau sur la figure, les cirés finissent par
laisser passer l'eau on est trempé. Deux hublots fuient ,dont celui
de la table à carte, l'ordi est baptisé..... et enfin sous le choc
des vagues le vaigrage à l'avant se décroche ! On fait le gros
dos toute la nuit , et à 8 milles de l'arrivée le vent tombe d'un
coup nous obligeant à mettre Teuf Teuf en marche pour terminer
jusqu'à Cienfuegos. On est content d'arriver dans cet immense
mouillage.
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